L’alliance ESTIA, annoncée hier par onze acteurs majeurs dont Dassault Systèmes, Airbus et OVHcloud, marque un tournant dans la stratégie européenne d’IA souveraine. Ce consortium vise à définir des exigences minimales de souveraineté – contrôle juridique, infrastructures locales, protection contre les réglementations extraterritoriales – et à positionner l’Europe comme un acteur crédible face aux hyperscalers américains. Selon Solutions Numériques, cette initiative s’appuiera sur la commande publique comme « client-ancre » pour stabiliser l’écosystème dès 2026.

Cette structuration s’accompagne d’avancées technologiques concrètes. Mistral a dévoilé ce matin sa famille Mistral 3, comprenant dix modèles open source allant du Large 3 (41 milliards de paramètres) aux Ministral 3 (3 à 14 milliards). Comme le souligne 01net, cette approche privilégie la modularité : des modèles plus petits, finement ajustés à des cas d’usage précis, offrent une meilleure maîtrise des données et des performances prévisibles – un atout pour les secteurs régaliens.

La France confirme par ailleurs son leadership en matière de cloud souverain. Selon une étude publiée cette semaine par Infodsi, 29 % des entreprises en EMEA déploient déjà des solutions d’IA agentique, avec une adoption particulièrement forte dans l’Hexagone. Cette dynamique reflète une prise de conscience : la souveraineté des données est désormais un critère d’investissement aussi important que la performance technique.

Le ministère de la Justice français expérimente depuis ce matin un assistant IA « souverain » auprès de 10 000 agents publics, développé en collaboration avec Mistral et la DINUM. Ce projet, détaillé dans un rapport stratégique remis le 23 juin dernier, s’articule autour de trois axes : souveraineté, démocratisation de l’IA, et accompagnement des utilisateurs. Comme l’explique Village de la Justice, deux cas d’usage sont déjà testés à la Cour d’appel de Paris : la synthèse de conclusions civiles et le développement de « mon assistant pénal », prévu pour début 2026.

Les premiers retours montrent des gains de productivité tangibles. Selon les données citées par Dailymotion, les entreprises ayant déployé des agents IA agentiques rapportent des gains de chiffre d’affaires de 6 à 10 %, avec 40 % d’entre elles dépassant les 10 %. Dans le secteur public, ces gains se traduisent par une réduction du temps de traitement des tâches répétitives – résumé de documents, synthèse de procédures – et une élimination progressive du « shadow IA », ces outils grand public utilisés hors cadre et exposant les données sensibles.

Cette approche sectorielle se généralise. La startup londonienne MONQ, présentée hier par FrenchWeb, cible spécifiquement l’automatisation des négociations stratégiques pour les grands comptes. Son outil, déjà adopté par des entreprises du CAC 40, illustre une tendance lourde : l’IA ne se contente plus d’assister, elle prend en charge des processus métiers entiers, avec un ROI mesurable en réduction des coûts opérationnels et en accélération des cycles de décision.

Le cloud reste le maillon faible de la souveraineté européenne. Face à cette réalité, l’État français accélère le déploiement de « La Suite Numérique », une alternative souveraine aux solutions bureautiques américaines. Comme le révèle L’Usine Digitale, ce projet ambitieux vise à offrir une solution intégrée – messagerie, stockage, collaboration – hébergée sur des infrastructures françaises et conformes au RGPD. Une réponse directe au problème du shadow IA, identifié comme un risque majeur par le ministère de la Justice.

Cette exigence de souveraineté s’étend aux données industrielles. L’Europe mise sur les « data spaces », ces espaces de données sectoriels présentés comme « l’arme ultime » pour des IA souveraines de filière. Selon La Tribune, ces infrastructures permettent de mutualiser des données tout en garantissant leur contrôle par les acteurs locaux. Un modèle déjà testé dans l’automobile et l’aéronautique, et qui pourrait s’étendre à d’autres secteurs critiques.

La solution Clovis, dévoilée hier par Alliancy, illustre cette évolution. Conçue pour les entreprises confrontées à une utilisation anarchique d’outils d’IA grand public, elle offre une plateforme sécurisée et souveraine, avec un accent particulier sur la conformité RGPD. Son déploiement dans des groupes comme TotalEnergies montre que la maîtrise des données devient un enjeu business à part entière.

L’automatisation ne se limite plus aux bureaux : elle gagne les usines et les chantiers. La startup Feel IT, présentée en début de semaine par Presse Agence, mise sur des solutions d’automatisation intelligente pour les PME industrielles. Ses outils, combinant IA et robotique légère, permettent d’optimiser des processus complexes comme l’assemblage ou le contrôle qualité, avec des gains de productivité annoncés de 15 à 20 %.

Dans le secteur des engins lourds, une entreprise spécialisée vient de lever 23 millions de dollars pour automatiser des équipements conventionnels. Comme le rapporte Power Progress, cette levée de fonds record témoigne de l’appétit des investisseurs pour des solutions hybrides, combinant hardware et IA embarquée. Une tendance qui pourrait redéfinir des secteurs comme le BTP ou l’agriculture.

Enfin, Prisme Méca, présenté hier par Le Messager, pousse l’automatisation dans le domaine de la haute précision. Ses machines, capables de réaliser des usinages avec une tolérance de quelques microns, intègrent des algorithmes d’IA pour optimiser en temps réel les paramètres de production. Une avancée qui intéresse particulièrement les secteurs de l’aéronautique et du médical.

L’actualité de ces derniers jours confirme une tendance lourde : la souveraineté n’est plus un luxe, mais un prérequis stratégique. Les entreprises françaises doivent désormais arbitrer entre trois dimensions : la performance opérationnelle, la maîtrise des données, et la conformité réglementaire. Les retours d’expérience du secteur public montrent que cette transition, bien que complexe, génère des gains mesurables – jusqu’à 10 % de chiffre d’affaires pour les early adopters.

Deux questions clés se posent pour les décideurs :

1. Comment structurer sa gouvernance IA ? Les modèles du ministère de la Justice – alignement stratégique, formation des équipes, élimination du shadow IA – offrent un cadre reproductible. La modularité des solutions comme Mistral 3 permet d’adapter l’IA à des cas d’usage précis, sans dépendre de modèles généralistes coûteux et peu transparents.
2. Quels partenariats pour accélérer sa transformation ? Les alliances comme ESTIA ou les « data spaces » européens montrent que la mutualisation des ressources est un levier puissant. Pour les PME, s’appuyer sur des acteurs locaux comme Feel IT ou Prisme Méca peut offrir un avantage compétitif en termes de réactivité et de personnalisation.

Chez ENWO, nous accompagnons les entreprises dans cette transition en combinant expertise technique et vision stratégique. Notre approche repose sur trois piliers :

• L’audit souveraineté : évaluation des risques liés au shadow IA et aux dépendances technologiques.
• La co-construction de solutions : développement d’agents IA sur mesure, intégrés à vos processus métiers.
• L’accompagnement humain : formation des équipes et mise en place d’une gouvernance éthique.